
Wael et le football
En arrivant, Wael a entendu une dame parler du château de Jumilhac et il a cru qu’il allait vivre dedans. « En Syrie, on n’a pas HLM. Les pauvres, ils restent dans la rue » dit-il avec l’innocence des mômes qui en ont trop vu. Son professeur au Caire l’a viré parce qu’il manquait de sièges. A Jumilhac ils sont vingt : douze CM2 et huit CM1. Wael a des rêves de footballeur. Il vient d’avoir douze ans et il a peur que ce soit déjà trop tard. « A mon âge, Messi savait faire mille jongles. Moi, quinze, et encore, pas tous les jours… » Il espère grandir vite et se muscler les cuisses pour envoyer le ballon sous la barre transversale.
Les enfants
Les petits s’adaptent sans y penser. Peu importe où vous les posez, ils poursuivent leurs vies d’enfants. Ils sont la raison principale à la présence de Syriens dans ce trou perdu de Dordogne : ce sont eux qui ont sauvé l’école. Arrivés le 21 mai, ils ont tous redoublé leur première année à cause de leur niveau de français. Aujourd’hui ils parlent comme s’ils étaient nés ici, persuadés que les parisiens ont un accent à couper au couteau. La plupart ne se rappellent plus vraiment la Syrie. A peine l’Egypte. Ils n’imaginent pas quitter leur village.